Homélie du 25ème dimanche du temps ordinaire – 20 sept. 2015

Lectures : (Sagesse 2,12… 20 ; Ps 53 ; Lettre de Jacques 3,16-4,3 ; Marc 9, 30-37)

Jésus confie à ses disciples à la fois quelque chose de douloureux, sa propre mort, et un message d’espérance, sa résurrection. C’est d’ailleurs la deuxième fois qu’il tente de leur en parler. La première fois, Pierre lui avait fait de vifs reproches (Mc 8,32). Cette fois-ci également Jésus se heurte à l’incompréhension des disciples. En plus, Jésus se rend compte qu’ils sont préoccupés par tout autre chose, se demandant lequel entre eux serait le plus grand. Bref, ils ne sont pas préoccupés par l’événement douloureux que Jésus leur confie, mais par leur propre sort. Ils sont centrés sur eux-mêmes.

Nous avons tous déjà fait l’expérience d’un vécu douloureux que nous partageons à un proche, à un ami de confiance. Comme il est important de pouvoir être écouté lorsqu’on qu’on confie une peine ou une joie. On comprend alors dans quelle mesure il peut être blessant si la personne à qui j’ai confié un événement important se met à parler de tout autre chose, comme si je n’avais rien dit. Pour Jésus, la trahison commence là. Un jour ses propres disciples, ceux à qui il a dit « je ne vous appelle plus serviteurs, mais amis », l’abandonneront, le renieront et le trahiront. Lorsqu’un ami nous trahi, la blessure est si douloureuse que nous lui fermons notre cœur immédiatement, pour nous protéger. Ce n’est pas ce que fait Jésus. Il se sert même de ce moment d’égarement des disciples pour leur offrir un enseignement très profond. Il leur livre un secret de vie. Par la suite, il ira jusqu’à leur confier une troisième fois l’annonce de sa passion et sa mort (Mc 10,33). Son secret de vie est le suivant : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. » Un enseignement aussitôt mis en pratique, car déjà en leur ouvrant son cœur, Jésus se fait le serviteur de ses disciples, pour les aider à cheminer vers la Vérité et à grandir. Il fait preuve en cela d’une patience infinie.

Quelle exigence dans ses paroles ! Heureusement que Jésus ne se contente pas de nous donner des leçons, mais qu’il donne à chacun la grâce de le vivre, à travers des situations concrètes, les exigences qui nous font grandir. Sans la grâce divine, impossible de sortir des comportements naturels, des réactions de fermeture du cœur dès que nous sommes blessés. La grâce reçue nous permet de ne pas nous enfermer dans des attitudes de victime, des retranchements défensifs. L’exigence de continuer à aimer est surnaturelle. L’attitude qui consiste à considérer les autres plus grands que soit est le fruit de la grâce, un fruit qui découle de cette bonne nouvelle que les disciples n’ont pas entendue : « trois jours après sa mort, il ressuscitera ».

Père Michel